Jusqu’à la crise, la gouvernance externe des banques centrales était dominée par le concept d’indépendance des banques centrales vis-à-vis du politique pour éviter la manipulation de la politique monétaire à des fins électoralistes. Cette dimension portait simplement sur la transparence des banques centrales et la communication avec le public. Quant à la gouvernance interne des banques centrales, elle concernait surtout le design institutionnel et la composition des comités de politique monétaire. La crise semble avoir modifié la dimension du rôle et de la place de l’institution monétaire dans nos sociétés.
De fait, l’indépendance vis-à-vis de la sphère politique a été questionnée lorsque la gravité de la crise a imposé une coordination renforcée des politiques économiques que l’on pensait moins évidente depuis la « grande modération » caractérisant les années 80. Par ailleurs, la stabilité des prix ne constitue pas un rempart contre les crises financières. La stabilité financière est alors remontée dans la hiérarchie des objectifs des banques centrales. Cette transformation pourrait avoir des conséquences plus larges sur l’organisation et le rôle des banques centrales dans nos sociétés : à l’indépendance vis-à-vis du politique, on peut ajouter l’indépendance vis-à-vis des financiers. La nouvelle théorie de la gouvernance se doit donc d’incorporer le risque de capture de la banque centrale par les intérêts financiers.
Before the crisis, the external governance of central banks was independent from the political area in order to keep away short-sighted and self-serving politicians. The independence was associated to transparency and a clear communication towards economic agents. The internal governance mainly dealt with the institutional framework of monetary policy committees and their members. The crisis may have widely changed the role of the Central bank in the public debate.
De facto, the independence has been discussed when the extent of the recession has forced governments and central banks to coordinate closely their actions while the consensus recommended a clear separation of their roles in 80s. Moreover, the price stability does not appear as a protection against financial turmoils. The financial stability is now on the top of the list of the central bank objectives again. This shift may have important consequences on the organisation of monetary authorities: in addition to the political independence, central banks should define a financial independence towards the financial sector. The reformed governance should manage the risk of a potential financial capture of the institution.