La revue Sociopoétiques s’intéresse à un concept critique, la sociopoétique, fondé sur les liens entre matière sociale et littérature dans une démarche qui croise les disciplines, en s’attachant au plus près aux poétiques textuelles, aux micro-lectures et au tissu verbal. Ni sociocritique ni sociologie de la littérature, elle analyse les interactions sociales au regard de leurs représentations envisagées comme un réservoir d'éléments dynamiques de la création littéraire. Elle étudie la manière dont les représentations et l'imaginaire social informent le texte dans son écriture même[1].
Le numéro 10 de la revue est consacré à la « Sociopoétique des migrations ». Il a pour objectif d’enrichir les recherches conduites au CELIS[2], parmi celles d’autres structures[3], dans le champ des migrations contemporaines, en particulier autour des réfugié.e.s, de la question de l’asile, de l’« encampement du monde »[4]. Il vise à interroger la façon dont les migrations, spécifiquement lorsqu’elles sont contraintes, forgent des représentations sociales dont la circulation participe à la création littéraire.
Un ancrage spécifique est envisagé dans le champ des migrations contemporaines, point de fixation massif des discours politiques, médiatiques et sociaux actuels, et objet majeur de représentation dans les littératures du temps présent. En 2017, on estimait à 244 millions le nombre de personnes exilées dans le monde, parmi lesquelles 100 millions relèvent de migrations forcées. 42 millions sont des déplacés environnementaux, 41 millions des déplacés internes – réfugié.e.s dans leur propre pays –, 3 millions des demandeurs ou demandeuses d’asile dans les pays développés. Un peu plus de 21 millions sont des réfugié.e.s qui ont obtenu le statut de la convention de Genève de 1951. 56% de ces réfugié.e.s sont accueilli.e.s dans huit pays du monde (Turquie, Pakistan, Liban, Iran, Jordanie, Kenya, Éthiopie, Yémen). L’Europe vient loin derrière ces pays : 1 million de réfugié.e.s accueilli.e.s en 2015 en Allemagne, 80 000 en France[5]. Dans le refus de l’accueil se perpétue dans l’histoire du temps présent ce qu’Achille Mbembe nomme les « politiques de l’inimitié »[6].
Calendrier de publication :
Envoi des propositions : jusqu’au 15 novembre 2024
Dépôt des articles : jusqu’au 3 février 2025
Retour aux auteurs : courant avril 2025
Publication : novembre 2025