Mais que nous dit ce passage de l’un à l’autre, cet écho du regard vers la mémoire ? Fabrice Reymond a rédigé un texte qui accompagne ce projet pour en proposer une réponse. Paréidolie, le regard des choses accompagne un lieu où le sens s’élabore d’intuitions, d’hypothèses et de scénarios qui s’ajustent pour produire en dialogue, un assemblage du monde.
Dix galets en faïence, copies de certains présentés dans le bâtiment et produits chacun à dix exemplaires complètent ce 1% artistique. Ils seront offerts annuellement, pendant dix ans, aux lauréats d’un programme de recherche de la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne (2020-2030). C’est un don qui marque d’une dimension diffuse cette œuvre pérenne.
Le 1% artistique
L'obligation de décoration des constructions publiques, plus communément dénommée « 1% artistique » est une procédure spécifique de commande d'œuvres d'art à des artistes.
Elle impose aux maîtres d'ouvrages publics de réserver un pour cent du montant hors taxes du coût prévisionnel de leurs constructions pour la commande ou l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres d'art spécialement conçues pour le bâtiment considéré.
Elle permet à des artistes de tendances et d'expressions diverses de créer des œuvres pour un lieu de vie quotidien, de se confronter à l'espace, au milieu urbain et de familiariser le public à l'art contemporain.
Le contexte
Dans le cadre de l’obligation de décoration des constructions publiques au titre du 1% artistique, la Maison des sciences de l’homme en Bretagne a émis un appel à candidatures dont Christelle Familiari est la lauréate.
Christelle Familiari
L’artiste est diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes depuis le milieu des années 1990.
Elle est rapidement identifiée par ses autofilmages vidéos et ses performances qui portent déjà des notions de sculptures et d’installation que Christelle Familiari développera ultérieurement. Son travail qui, dans un premier temps, questionnait les relations à l’autre, au corps, au désir, à l’ennui, évolue vers une réflexion plus métaphorique qui imbrique le corps à son environnement. L’oeuvre de la MSHB s’intègre à cette réflexion.
Christelle Familiari enseigne maintenant la sculpture, l’installation et la performance à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne sur le site de Rennes.
À propos de l'oeuvre
Sculptures intrigantes en schiste, texte reproduit sur les vitres, galets présentés aux murs... Comment interpréter cette création ? Son axe repose sur la volonté de faire dialoguer ce lieu avec ce qu’il représente : l’humain et les sciences humaines, la nature, la mémoire... en jouant d’un effet de glissement visuel qui amène cette idée de « capillarité du regard vers la mémoire, d’un objet trouvé vers l’évocation d’une forme » que revendique l’artiste. L’oeuvre se développe autour de jeux de formes comme celles que l’on peut chercher dans les nuages : les galets prennent des traits de visages humains, d’animaux, et pour certains évoquent des oeuvres de Constantin Brancusi et de Marisa Merz ; les fragments de corps du patio inspirent une souche et des branches par mimétisme avec les arbres qui les entourent, le texte commandé au poète Fabrice Reymond qui donne son titre à l’oeuvre Paréidolie, le regard des choses tente de dévoiler une parenté poétique entre les recherches en sciences humaines et les recherches plastiques. Parallèlement, avec un souci d’inclusion de l’œuvre dans la vie académique du bâtiment, dix galets en faïence, copie de certains présentés aux murs de la MSHB, seront offerts chaque année, de 2020 à 2030, aux lauréat·e·s d’une bourse de recherche de la MSHB. Ce don ritualise ce temps des lauréats, il fait évènement et relais.
À retenir
Dans le cadre du 1% artistique, Christelle Familiari a créé une œuvre multiple pour la Maison des sciences de l’homme en Bretagne. Elle se compose de sculptures en schiste, d’un texte commandé au poète Fabrice Reymond qui est reproduit sur les vitres du bâtiment, d’un ensemble de galets aux formes humaines ou animales et de leur copie en faïence offerte aux lauréats d’un programme de recherche de la Maison des sciences de l’homme en Bretagne. Cet ensemble évoque avec poésie un va-et-vient entre la recherche en sciences humaines et la recherche plastique.