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Reportage de Jean Hurter, Olivier Gallet et Géraldine Gaudefroy-Demombynes

Dans ce reportage sur le musicien Jean Hurter, interviennent aussi Géraldine Gaudefroy-Demombynes, porteuse du projet AEEHmusic, et Olivier Gallet professeur de biochimie à l'université de Cergy-Pontoise.

Traduction 

Le musicien et compositeur alsacien Jean Hurter affirme pouvoir traduire en musique les vibrations émises par les plantes et même jouer des duos avec elles. Il nous assure que les arbres, les fleurs et les herbes parlent et chantent énormément – et il transcrit les notes en partitions émises par les plantes. Nous avons fait examiner cela par des scientifiques.

 

Entretien

  • Jean Hurter :
    Lorsque la plante émet des signaux, ils sont traduits en note de musique par l'appareil. Aux moments de silence qui durent quelques secondes, si je rejoue les dernières notes émises par la plante émise et que j'en rejoue d'autres à la suite, il arrive que la plante reprenne les notes que j'ai jouées.

 

Est-ce possible ? Nous avons interrogé Olivier Gallet, professeur de biochimie à l'université de Cergy-Pontoise et Géraldine Gaudefroy-Demombynes maître de conférences en musicologie à l'université Rennes 2 et chercheuse associée au laboratoire ERRMECE de Cergy-Pontoise. Leurs réponses peuvent vous surprendre.

 

  • Olivier Gallet : 
    Jusqu'à présent, on parlait de différents types de tropisme chez les végétaux mais on commence à envisager la terminologie de phonotropisme, c'est-à-dire l'impact du bruit sur la croissance et de développement du végétal.
  • Géraldine Gaudefroy Demombynes : 
    Ce n'est pas une idée du tout fantaisiste car déjà on a besoin de se reconnecter à la nature en tant qu'humain et cette interconnexion est absolument fascinante à explorer.

 

Jean Hurter invite une plante ZZ, Zamioculcas Zamiifolia à jouer en duo !

 

  • Olivier Gallet : 
    Moi, je ne retrouve pas cette harmonie parce que mon registre musical n'est pas capable d'aller chercher et de comprendre ce qu'il y a. En revanche, ce qui m'interpelle dans cette démarche c'est qu'il y a différents niveaux. Si l'on parle de phonotropisme, cela veut dire que quand vous jouez la plante pourrait entendre quelque part le son, l'interpréter. Donc cela veut dire qu'il faut qu'on arrive à définir les mécanismes de perception de l'acoustique du végétal.
  • Géraldine Gaudefroy-Demombynes : 
    Car en fait le résultat sonore me fait penser à une série au langage atonal dodécaphonique et rappelle les musiques sérielles et aléatoires de Schönberg et de Boulez.

 

Thérémine, cithare, guitare, l'ancien instituteur, jean Hurter, a fait beaucoup de musique avec les enfants. Arrivé à la retraite, il a cherché à explorer d'autres domaines liés à la musique.

 

  • Jean Hurter :
    Il y a 15/20 ans, j'ai vu sur internet une vidéo de quelqu'un qui s'intéressait à la musique des plantes. J'avais des doutes et cela me paraissait improbable. J'ai trouvé un schéma électronique et un électronicien a pu me réaliser le montage d'un appareil.

 

Techniquement ce n'est pas sorcier de réaliser un appareil. On en trouve maintenant dans le commerce, dont la conception est cependant différente de celui qu'il utilise.

 

  • Jean Hurter :
    En plaçant une électrode sur une feuille et une autre sur les racines, on mesure les variations électriques . A chaque variation correspond une note de musique.

 

Jean Hurter teste également la musicalité des végétaux de son jardin et dans la forêt.

 

  • Jean Hurter  : 
    J'étais en train d'enregistrer une plante quand une moto est passée avec un grand bruit. La plante s'est arrêtée et il a fallu 15 à 20 secondes  pour qu'elle recommence à jouer.

 

Jean Hurter a l'impression que la plante a dû assimiler ce bruit, ce qui voudrait dire que les plantes sont sensibles aux bruits.

 

  • Olivier Gallet  : 
    C'est vraiment la démarche scientifique, c'est l'observation, l'écoute. Monsieur Hurter en tant que, à la fois scientifique et artiste, est dans cette démarche puisqu'en lui, le scientifique rejoint l'artiste. Pensons à Léonard de Vinci qui était notre dernier grand scientifique.
  • Jean Hurter
    Je pense qu'il y a un lien entre les végétaux et l'humain et qu'il y a encore beaucoup à rechercher là-dessus dans l'avenir.

     

 

Jean Hurter en est convaincu, si on écoute la nature, on peut en entendre la musique !

 

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